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Pondéralement vôtre...
9 avril 2010

La vie, en gros.

Un après-midi, un téléfilm intitulé « La vie en gros » et réalisé par un certain Didier Bivel. D’habitude, les chaînes de télévision passent, vers 15h, des téléfilms à l’eau de rose plus ou moins tarabiscotés du scénario. Cette fois-là c’était un téléfilm français, certes aromatisé à la mièvrerie comme tous les autres, mais là, le personnage central était Benjamin, un jeune obèse de 15 ans, mal dans sa peau et continuellement amoindri par le regard cruel des autres adolescents et par les remarques des adultes.  Il y raconte en voix off son histoire.J’ai très vite retrouvé quelques mauvaises expériences de jeunesse et même si le film en question ne mérite pas la fameuse Palme d’Or, il traite d’un thème rarement abordé, rarement amené à l’écran, ce petit écran que beaucoup regardent avec acharnement : l’obésité. Ce n’était pas du grand cinéma mais je n’ai pas décroché jusqu’à la fin du film. Y’avait-il une fin heureuse ? Oui ! Benjamin a fini par trouver les réponses, à s’accepter tel qu’il était et même à vivre une première histoire d’amour avec Claire qui l’avait repoussé une fois.


9782070624478FS


Quand j’ai fait quelques recherches sur internet, j’ai découvert qu’il était inspiré d’un livre du même titre, écrit par un certain Mickaël Ollivier. Après lecture du livre en question, je me suis rendue compte qu’il n’avait vraiment qu’inspiré le téléfilm dans lequel beaucoup d’éléments du récit ont été modifiés, supprimés ou ajoutés, probablement pour la mise en scène et pour une meilleure réalisation télévisuelle. Je me suis plus intéressée au livre donc, qui semble, étant donné la précision et la véracité des propos tenus, être un énorme poil autobiographique ou du moins racontant une histoire qui a été vécue.


Le personnage central du livre s’appelle également Benjamin. Il est donc obèse et adore manger. Un docteur lui annonce qu’il faut maigrir. Déjà dérangé par son corps et ce qu’en pensent les autres, il décide de se mettre au régime… chose qu’il a du mal à tenir étant donné le contexte familial et émotionnel dans lequel il vit d’autant plus qu’il tombe amoureux de Claire qui le repousse pour commencer. Elle finit par avoir des sentiments réciproques en apprenant à le connaitre. Pour Benjamin c’est une véritable renaissance !


Le récit est à la première personne, un très bon choix. Ce livre étant destiné aux adolescents, il est important que le lecteur puisse, quel que soit son poids, directement comprendre et vivre ce que ressent Benjamin. Cette première personne permet de s’identifier et surtout de comprendre. Car l’obèse n’est pas toujours compris… Le titre est déjà très parlant et à double sens. La vie, engros c’est la vie quand on est dans la peau d’un gros, une vie qui n’est pas si simple. La vie, en gros, « en gros », « en résumé » : un vie pleine d’obstacles, de bonnes et mauvaises surprises qui demande d’être fort et d’avoir confiance en soi.


Ce petit roman montre aussi l’incroyable influence d’autrui sur l’image que l’on a de soi. Réussi à maigrir implique un bien-être particulier (et je sais de quoi je cause !), une acceptation de soi-même, mais aussi des autres : Benjamin ne parvient pas à maigrir dès sa première tentative mais se sent plus fort à la fin du livre pour enfin prendre en main sa santé : il aime et il est aimé comme il est ! Il a donc enfin l’estime d’autrui et en a enfin pour lui-même.


Est-ce un comportement « humain » que de se moquer des différences physiques ? Vous qui êtes ou avez été gros, affirmez que vous n’avez jamais osé vous moquer du physique de quelqu’un – moi par exemple je fais toujours une fixation sur les oreilles des gens ! Benjamin n’est pas forcément tendre avec certains de ses camarades. Mais c’est une réaction typique de son âge !

Mais cette histoire appelle à la tolérance, une tolérance qui devrait être naturelle pour tout le monde ! C’est le cas lorsque se produit l’altercation verbalement violente entre Benjamin et son professeur de sport alors que l’ado refuse catégoriquement de porter un short.

-« […] ça serait pas plutôt que t’aurais honte de montrer tes cuisses ? Surtout que dernièrement, on peut pas dire que t’aies maigri ! […] Faut pas avoir honte ! On s’en fout du regard des autres ! T’es gros ? Et alors ! Faut pas avoir honte de ses points faibles ! »

Remarque à laquelle Benjamin réplique non sans humour « A propos de point faible […] qu’est-ce-que vous diriez, vous, si on vous obligeait à vous balader avec le cerveau à l’air ? »

Une altercation qui lui met tous les adultes à dos, même sa propre mère qui lui remarque : « Mais, regarde toi ! Tu t’es pesé récemment ? ».

Comment vivre des attaques de la part d’adultes qui sont censés être des « références », « des repères » de conduite alors que dans ce cas précis, l’adolescent a tout simplement été humilié par rapport à son physique. C’est là tout le problème de la culpabilisation qui ne fait qu’empirer les choses ! Un ado obèse ne doit pas être brimé parce qu’il est obèse, il doit être écouté, conseillé, responsabilisé mais en aucun cas culpabilisé ou humilié ! Je pense qu’il y a énorme matière à réflexion !


Cependant, l’ado obèse se moque également de ceux qui sont différents…mais ne prend il pas pour exemple ce qu’il vit par rapport à son physique et ne se réfère-t-il pas à une norme que lui impose la société ? Cette intolérance à l’égard des différences est aussi je pense, un instinct chez l’homme : railler ce qui est différent permet de contourner la peur qu’on en a, ça donne aussi l’impression de faire partie justement du groupe des « normaux ». Et c’est souvent tiraillé entre deux attitudes que le gros essaie de s’en sortir.

C’est un petit livre très intéressant car on vit la vie d’un adolescent obèse de l’intérieur, on connait ses souffrances, ses pulsions, ses problèmes. On comprend. Et je crois qu’il devrait faire partie de la bibliothèque de tous les petits collégiens.

Pour finir, il y a une citation de ce livre que j’aimerais commenter. C’est l’oncle de Benjamin qui lui explique le rapport que l’obèse entretient avec son poids au fur et à mesure de son ascension pondérale.


« Quand tu grossis  tous les ans, tu as à chaque fois l’impression que tu es arrivé au bout des limites de ton corps. Après l’été, tu ne rentres plus dans tes pantalons de l’année d’avant, et tu constates que tu pèses 10 kilos de plus ! 10 kilos ! Tu te dis « cette fois, ça est, j’ai atteint mon poids maximum ! ». Moi, ça m’a fait ça quand j’ai pesé 100 kilos pour la première fois. Je me suis dit que je ne pourrai jamais les dépasser, que ma peau devait être tendue au maximum, et donc, d’une certaine manière, que j’étais tranquille. Résultat, aujourd’hui, j’en fais plus de 130, et quand je vois des photos de quand j’en faisais 100, je m’y trouve mince alors qu’à l’époque j’avais l’impression d’être un monstre ! Y’a pas de limite, et rappelle toi que si maintenant tu te sens gros, ce n’est rien à  côté de ce que tu seras dans quelques années si tu ne fais pas gaffe ! Le danger c’est qu’on finit toujours par s’habituer à tout et qu’on ne se voit pas comme on est ! »


C’est exactement ça. La première fois que j’ai pesé 100 kilos, je me suis dit « Ouaou ! 3 chiffres ! J’irai pas plus loin que ça ! ». Idem à 110. 118 ne m’a même pas effrayée plus que ça. Maintenant que je n’en pèse « plus que 83 », je vois la différence sur les photos. Et je sais qu’à l’époque où j’étais plus enrobée je ne me voyais pas telle que j’étais ! Ceci étant et paradoxalement, je pense sincèrement que pour maigrir, il faut avant tout se sentir bien dans son corps pour pouvoir modeler son corps comme cela nous chante ! C'est toute la complexité du processus !

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Commentaires
Q
moi ausssi qui peut me mettre un resume sur le livre la mais un prtit oke <br /> j'ai pas d'adresse email
S
j'ai trop aimer mais je sais pas faire un petit resumer sur le livre j'ai tout plein de chose dedant ma tete que je sais pas quoi metre
M
Très bel article que tu nous écris là... et qui donne bien à réfléchir ! Comme tu dis, c'est dommage qu'on ne fasse pas lire d'avantage de livres comme ça à nos ado!
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